Tuxedomoon et la génération numérique
ADEN | 21.09.04 (Le Monde)Pionnier de l'avant-garde de la fin des années 1970, du mélange entre rock, musique électronique et performance artistique, le groupe Tuxedomoon est une des têtes d'affiche du festival Villette numérique.
A la fin des années 1970, tandis que New York et Londres bruissent au son des formations punk historiques, à San Francisco, une scène underground fourmillante et pléthorique bat son plein autour d'originaux comme The Residents, The Art Bears, Snakefinger ou Tuxedomoon, pionniers du mélange entre rock, musique électronique et performance artistique."A San Francisco, à la fin des années 1970, tout le monde était inspiré par le renouveau artistique, c'était une scène très vivante, spontanée, pas du tout organisée... se souvient Blaine L. Reininger, chanteur, violoniste et clavier de Tuxedomoon. Les gens formaient des groupes de manière joyeuse." Rapidement, pourtant, c'est en Europe que Tuxedomoon va recruter son public le plus fervent et tisser des amitiés au sein de l'active scène électronique. Après la sortie de deux albums de référence - Half Mute en 1980, puis Desire, l'année suivante, le groupe s'établira à Rotterdam.
Fers de lance du label belge Crammed Discs, Tuxedomoon peaufine une formule qui doit autant aux arts plastiques qu'au rock, mêlant des instruments classiques à des textures électroniques d'avant-garde. "La plupart des musiciens que je connais ont commencé par la peinture, remarque Reininger. Nous avons nous-mêmes subis l'influence de gens comme David Bowie, Roxy Music ou David Byrne, qui ont intégré une sensibilité artistique auparavant absente. Et si tous les membres de Tuxedomoon ont fait des études à l'université, nous appartenons aussi à la première génération d'Américains qui ont grandi avec la télévision, saturés d'informations dès notre plus jeune âge."
Même si le groupe va se disperser au milieu des années 1980 au gré de diverses carrières solo, l'ombre de Tuxedomoon planera longtemps sur le rock et l'électronica. Précurseurs dûment estampillés, les membres du groupe originel se sont retrouvés l'an passé pour ajouter un chapitre à leur histoire commune. Come back ? "Nous avons tous été actifs dans la musique ces vingt-cinq dernières années, s'empresse d'affirmer Blaine Reininger. Nous avons suivi de près ce qui se passait, tant du point de vue musical que du point de vue technologique... Cet album, on y travaille depuis un moment. Parvenir à le faire a été plus une histoire d'organisation et de circonstances. Steven vit au Mexique, Peter à New York, et moi en Grèce : le simple fait de nous réunir tous les trois est déjà une sacrée entreprise. Tuxedomoon est comme un complot international ! On a assemblé l'album en répétant dans des petits studios à travers l'Europe tout en enregistrant et mixant sur un ordinateur portable."
Et Cabin in the Sky de se révéler un pur produit Tuxedomoon : trame musicale à la fois répétitive et déviante, basse saccadée de Peter Principle, interventions décalées du sax et du violon... Et puis - comme pour bien marquer son entrée dans le xxie siècle -, le groupe a fait appel à quelques-uns de ses héritiers putatifs (John McEntire de Tortoise ou Tarwater) pour lui prêter main-forte. La Villette numérique ne pouvait rêver meilleurs parrains.
Olivier Nuc
pour une biographie du groupe en anglais:
http://www.ltmpub.freeserve.co.uk/tmbio.html
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- Quand avez-vous rencontré le groupe TUXEDOMOON?
Je les ai rencontrés en 1981, dans une boîte de nuit de New York. J'étais vidéo jockey, la première à New York et probablement dans le monde! Je faisais des improvisations visuelles non stop qui illustraient les musiques choisies par un DJ. C'était bien avant que les clips vidéos fassent partie du paysage musical. Mes improvisations étaient un mélange de prises de vue "live", de projections de films et d'images préenregistrées sur des bandes vidéos que j'alternais sur plusieurs magnétoscopes. Ce n'était pas très sophistiqué, mais c'était très amusant...
- Comment c'est passée cette première rencontre?
Bien, pour cette nuit là, Blaine et Steven m'ont expliqué que d'habitude, les fonds visuels de leur concerts étaient fournis par Winston Tong et Bruce Geduldig; mais comme ils n'avaient pas pu venir, j'avais carte blanche pour les remplacer. J'ai pu enregistrer cette soirée, et il y en a un extrait en guise de bonus sur le nouveau dvd.
- Vous avez retravaillé avec eux par la suite?
Oui, quelques années plus tard, Peter Principle m'a contacté pour créer un clip pour la ressortie de "No Tears", une de leurs compositions les plus connues. Peter m'a expliqué que le groupe ne pouvait pas se réunir pour cette occasion, mais il m'a donné une montagne d'archives vidéo pour faire ce que je voulais. A l'époque, comme aujourd'hui d'ailleurs, je faisais beaucoup d'animations vidéos créées par ordinateur. J'ai donc eu l'idée de présenter à l'écran deux personnes qui jouent à un jeux vidéo appelé No Tears, où les images d'archives du groupe surgissent dans divers univers virtuels.
- Etes-vous spécialisée dans la réalisation de clips musicaux?
Oui, je me suis orientée vers l’image transportée par la musique. Même mes documentaires « non-musicaux », je les pense comme des « Operette d’ ideés ». J'ai réalisé et produits plusieurs documentaires : KISSING BOOTH, qui a pour sujet le baiser amoureux et sa philosophie, BORDERS sur les frontières physiques, psychologiques, artistiques, politiques, et aussi METAPHORIA sur le procédé mental de la métaphore pour lequel j'ai remporté un Emmy en tant que meilleur documentaire culturel. Pour tout ces documentaires, j’ai collaboré avec Frederick Reed qui a créé des compositions originales.
- Comment êtes-vous restée en contact avec le groupe Tuxedomoon depuis ces années là?
C’est grace à Fred Reed, je croisais Peter Principle régulièrement car il travaillait souvent avec Fred. Alors nous nous promettions de prendre un café plus tard, mais nous n'avons jamais eu le temps a NY! Finalement, j'ai emménagé à Paris où j'ai rencontré Isabelle Corbisier qui prépare un livre sur les Tuxedomoon. Elle s'est arrangée pour que je puisse filmer plusieurs concerts. A partir de là, j'ai créé en toute liberté ce nouveau documentaire SEISMIC RIFFS.
M e r r i l l A L D I G H I E R I / Bio-filmographie :
1977-79 : Documentaires pour Jim Henson / The Muppets
1979-80 : Performances multimédia dans le club "Hurrah" à New York
1988 : THE KISSING BOOTH (documentaire)
1989 : THE GUN IS LOADED (documentaire/performance filmée)
-BORDERS (documentaire)1991 : METAPHORIA (documentaire)
1993 : MOTEL BLUE 19 (court-métrage)
1998 : RAISINS D'ÊTRE (court-métrage)
2001 : VAMPIRE OF NOTRE DAME - An Erotic Vampire in Paris
Co-productrice, chef Opérateur, monteuse2003 : TERRIENS A GO-GO (long métrage inédit)
2004 : SEISMIC RIFFS (documentaire)
p r i x e t h o n n e u r s
Emmy Award (comme l’ Oscar, mais pour la télévision), meilleur documentaire culturel
Finaliste au Festival des Arts Vidéos de Montbéliard
Montréal International Film & Vidéo Festival
Rolling Stone's Top 10 Music-video Directors
Prix du meilleur court métrage, Festival Ciné Pause (en Bourgogne)
s é l e c t i o n d' e x p o s i t i o n s
Whitney Museum of Fine Arts / NYC,
Musée d'Art Moderne / Paris,
Laforet Museum / Tokyo
Musée de l’Erotisme / Paris
cliquez sur l'image pour le version hi-res.
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"Desire" / SEISMIC RIFFS - Steven Brown
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"Cagli 5.0" / SEISMIC RIFFS - Steven Brown, Luc VanLieshout
DVD menu
DVD cover
haut-à gauche: Coti Kiriakos (ingénieure du son)
centre: Luc Van Lieshout, Peter Principle, Blaine Reininger, Steven Brown
bas-droite: Peter Principle, Steven Brown, Blaine Renienger, Bruce Gedildug
DVD cover / SEISMIC RIFFS
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in english : automoonography author's muse Official trailer 5 min. press version Tuxedomoon biography The BOOK Flash animations #1 #2
DVD Programme: Tuxedomoon / Seismic Riffs
62 min. +30 min. bonus stéréo VO sous-titrage français
Documentary shot durring 2003-2004 combining footage of 6 concerts and one week in the studio while they wrote and recorded their latest album "Cabin in the Sky". Shot, edited, animated and written by EMMY-award wining director Merrill Aldighieri who has also authored their 1990 music clip for "NO TEARS". Her first meeting with the group at a NYC niteclub called Hurrah is excerpted in the bonus clips.Les Chansons :
THE WALTZ
LUTHER BLISSET
DESIRE
A HOME AWAY
CAGLI 5.0
LONELINESS
VOLO VIVACE
LITEBULB OVERKILL
BARON BROWN
BONUS :
Diario di un Egoista
Taraf de Haïdouks Jam
Incubus (1981)
Remix : "Cagli 5.0": Tarwater, "Misty": John McEntire
Gallery / Remix
Web Liens/Links
Scene selection (chapitrage)